Préface de Denis Olivennes
Les 22, 23 juillet et 7 octobre 1940, trois lois sont votées, autorisant la dénaturalisation des « indignes d’être français », la déchéance de la nationalité pour ceux qui rejoignent de Gaulle à Londres et l’abrogation du décret Crémieux : 15 154 hommes, femmes, enfants et vieillards sont ainsi dénaturalisés, 446 personnes sont déchues et 110 000 juifs d’Algérie perdent leur citoyenneté.
À travers le parcours de quelques figures marquantes qui ont eu à subir l’infamie de la perte de nationalité (Marc Chagall, Serge Gainsbourg, René Cassin, Ève Curie, Jean Daniel, Jacques Derrida…), c’est l’histoire de toutes les victimes qui est racontée. Mais c’est aussi l’histoire de ces trois lois et de ceux qui les ont édictées et consciencieusement mises en application, sans être inquiétés à la Libération. Les 15 154 dénaturalisés nous renseignent donc sur l’État français d’hier, d’aujourd’hui et peut-être de demain. Car la nationalité française et son acquisition restent l’objet de polémiques permanentes, mais aussi d’une certitude : « elle ne se mérite pas ».
Comme l’énonce Denis Olivennes dans sa préface, « l’un des mérites du présent livre est de nous rappeler combien la conception ouverte de la patrie est au cœur de l’identité française. Il est bon que cela soit souligné en un temps de crise économique et de doute national si propice à l’oubli de nos valeurs fondatrices ».